Test Terrain Samyang 8mm UMC pour Sony Nex, par Anthony Pamart
Le contexte :
Les objectifs de types grand-angulaires sont bien connus pour leurs usages en photographie de paysage, car ils permettent de cadrer de vastes étendues, mais à force de vouloir embrasser un angle de vue toujours plus conséquent, on bascule dans le domaine de la photographie panoramique. Avant cette expérience, par manque de solution au début de la gamme NEX j’avais opté pour l’ultra grand-angle grâce à un complément optique avec un facteur de conversion de 0,5. Il s’agit d’une alternative très bon marché, extrêmement flexible (quelques secondes pour le visser au bout de l’objectif), mais dont on aborde fatalement assez vite les limites, notamment en terme de qualité optique. Ces longueurs focales très courtes, réputées pour leurs distorsions très prononcées permettent de sublimer un instant ordinaire, ou restituer la grandiloquence d’une scène extraordinaire. Face aux focales classiques, il s’agit bien d’une nouvelle expérience photographique.
À la recherche de nouveau point de vue, croisée de voutes à Angkor Wat.
Dans ce contexte, je vous propose de me suivre pour ce test de terrain effectué lors d’un séjour de quelques mois au Cambodge, plus précisément à Siem Reap. Armé de mon NEX-7 et de ce fish-eye Samyang 8mm, direction les temples d’Angkor !
Prasat Prah Ko, Groupe Roluos
Le matériel :
Samyang 8mm UMC
Sony NEX-7
Tête panoramique Bushman Gobi
Gorillapod Hybrid
Trépied
Présentation :
À l’instar des fish-eyes hémisphériques qui proposent un angle de champ maximal de 180°, le Samyang 8mm UMC pour système NEX est lui un fish-eye équirectangulaire (qui utilise toute la surface du capteur). L’avantage est de rendre une image plein cadre au lieu d’une image circulaire bordée de noir (à cause de la forme du capteur). Il est par conséquent très intéressant d’obtenir un angle de vision aussi extrême, pouvant servir à la fois pour de la prise de vue classique, et pour un assemblage panoramique.
Comparaison de rendus fish-eye plein cadre et circulaire
Dans son usage « classique », ce fish-eye va donc vous offrir des cadrages hors-normes. Et, contrairement à ce que l’on pourrait penser, oui, il convient de parler de cadrage malgré un angle de champ aussi étendu. Il est en fait assez délicat de composer avec ce type d’objectif, notamment car il est très difficile, voire dans certains cas, impossible de placer hors champ des éléments parasites ! Mais aussi d’y laisser trainer un bout de doigt (voir photo ci-dessous !). Si comme moi, vous avez choisi la gamme NEX en partie pour sa mobilité, rassurez-vous ce Samyang est court (et léger), évidemment pas un niveau d’un pancake, mais sensiblement plus compact que le zoom standard 18-55 de chez Sony (55,8 mm contre 66,2 mm). Un très bon point donc, surtout pour les nomades. Niveau rendu, la qualité est au rendez-vous, avec un bon piqué au centre qui se dégrade légèrement et progressivement sur les bords en restant plus que correct.
Au sommet du Phnom Kulen
La construction est solide, mais l’absence d’un étui en dur est un peu dommage. Le pare-soleil en fleur inamovible est assez épais et inspire confiance pour bien protéger la lentille vraiment très convexe (mais prudence quand même !). Associé à un traitement multicouche, il est d’une efficacité assez remarquable dans la gestion du couple « flare & glare ». Même au Cambodge sous un soleil de plomb omniprésent, je n’ai que rarement été dérangé par ces halos indésirables, quand ils ne sont pas recherchés. Il est cependant impossible d’ajouter un filtre. La remarque la plus importante est que l’objectif ne possède aucun système électronique, il est donc entièrement manuel (mise au point et ouverture). Rien de vraiment déplorable, car l’hyperfocale est efficace dans la plupart des cas. Malgré l’absence de l’autofocus, la mise au point sur l’écran comme au viseur sans aide (loupe) n’est pas trop délicate tant la profondeur de champ extrême de cette focale très courte se couple très rapidement avec l’échelle présente sur la bague. En effet, le mode DMF du NEX n’est pas supporté, simplement car l’objectif est manuel. En définitive l’utilité de la mise au point en fish-eye étant quasi nulle, la mise au point ne sert que pour des sujets rapprochés. La bague de réglage est fluide tout comme celle du diaphragme, crantée par demi-diaphragme entre f2.8 et f22 (sauf entre f16 et f22). Évidemment, l’absence de communication électronique entre l’objectif et le boitier découle vers des EXIF incomplets, pour l’assemblage panoramique il faut donc renseigner manuellement la focale. Pour les amoureux des métadonnées, pas de paniques, il existe aussi des solutions.
Seul petit bémol, on sait que chaque objectif peut avoir des défauts (aberrations géométriques ou chromatiques) plus ou moins prononcés. Sans avoir fait des tests poussés, il semble que le modèle prêté par Geektrend souffre d’un problème de vignettage plus important que la moyenne. Dans mon cas, on remarque un vignettage irrégulier assez marqué dans l’angle supérieur droit, et manifestant sans doute un défaut de fabrication ponctuel plus qu’un constat général. Un problème minime apparaissant de manière plus flagrante sur un ciel clair virant au rouge dans les angles à grande ouverture seulement, qui se fait rapidement oublier avec un post-traitement des plus sommaires (étape obligatoire quand on travaille en RAW, ce que l’on ne peut que conseiller).
La photographie panoramique :
Pour garantir un résultat optimal, on privilégie l’utilisation d’une tête panoramique, qui permet d’annuler l’effet de parallaxe en faisant tourner l’appareil autour du « point nodal ». La prise de vue doit en principe être précédée d’un calcul de champ panoramique afin de trouver le bon compromis entre le nombre de photos nécessaires et leurs recouvrements. Plus qu’un accessoire, cet outil indispensable pour le panoramiste n’est malheureusement pas offert à toutes les bourses, surtout pour un usage ponctuel. L’avantage du fish-eye et de son très grand angle de champs est donc de permettre un relevé avec un minimum de photos et permet par conséquent d’effectuer un panorama très rapidement (et en gagnant ultérieurement en temps de calcul pour l’assemblage des photos).
Au sommet du Baphuon, 3 photos à main levée assemblées avec Photomerge.
Pour un usage panoramique, j’ai testé plusieurs solutions ; le panorama à main levée pour un usage occasionnel, et donc avec une tête panoramique. Pour un relevé sphérique complet (360°x180°), cet objectif ne nécessite théoriquement que de 6 photos (4 horizontales, 1 pour le zénith et 1 pour le nadir). Cette formule de champ panoramique offre un recouvrement horizontal de 46%, ce qui permet une bonne marge de manœuvre pour le recollement des photos. Cela peut paraître beaucoup, mais c’est une sécurité nécessaire face aux déformations extrêmes des lentilles et aux altérations de l’image sur les bords. Dans le cas d’un panoramique à main levée cela permet de corriger plus aisément les déformations géométriques et d’éviter les artéfacts lors de l’assemblage. La tête panoramique choisie, toujours dans une recherche de mobilité est le modèle Gobi de chez Bushman. C’est une des plus petites et légères du marché (et aussi une des moins chères) soit dit en passant et parfaitement adaptée pour les hybrides.
Pour l’assemblage des panoramiques, il existe un bon nombre de solutions ; des logiciels pro comme AutoPano Giga, amateur comme Stitcher, sommaire comme l’outil Photomerge de l’indispensable Photoshop, ou gratuite comme le software open source Hugin (qui nécessite cependant un petit temps d’adaptation). Le traitement de ces tests a été effectué principalement avec Hugin, Stitcher ou Photomerge. Toutes ces solutions permettent de générer des images panoramiques selon différents types de projections (équirectangulaire, cylindrique, sphérique…). Il est aussi possible d’obtenir à partir de celles-ci des rendus pour des visites virtuelles (VRML, QTVR), de les retoucher à vos souhaits comme n’importe quelle photographie, ou de créer ces fameuses fantaisies panoramiques, appelées « petites planètes » ou « trous de lapin ».
Projection stéréographique en effet « little planet » à partir d’un panoramique sphérique, Angkor Wat.
Projection stéréographique en effet « rabbit hole » à partir d’un panoramique sphérique, Krol Romeas.
Le test :
Voyons maintenant comment s’est passée la prise en main de ce fish-eye de chez Samyang. Pour la prise de vue classique, cet objectif dévoile tout son potentiel dès les premiers clichés, utilisé de préférence en « mode A » (priorité ouverture), la prise de vue est rapide et on oublie en un rien de temps l’absence d’électronique de l’optique. En quelques instants, on est pris au jeu du fish-eye, partant à la recherche des points de vue les plus éloquents pour tirer parti de sa focale très courte pour composer des images originales. Il s’est dès lors imposé comme un partenaire de choix autant pour des virées dans les rizières, au « baray » pour capter la dimension de ces vastes étendues, que pour des visites de temples afin d’immortaliser les compositions axiales, symétriques ou les jeux de perspectives démesurées des monuments d’Angkor.
Baray de Srah Chhuk à 80km à l’ouest de Siem Reap
Galerie nord 3ème gradin du Baphuon, à Angkor Thom.
Devatas sculptées au prasat Thommanon.
Passons à l’autre intérêt du fish-eye, la prise de vue panoramique. Il est évidemment possible d’utiliser le mode panorama par balayage du NEX qui n’offre toutefois pas à tous les coups des résultats pleinement satisfaisants (voire clairement décevants) et ne mérite donc pas que l’on s’y attarde dessus. Évidemment, un bon nombre de photographes ne veulent faire du panoramique que ponctuellement, c’est la raison pour laquelle j’ai testé le panorama à main levée et principalement sans trépied et donc potentiellement réalisable dans toutes les conditions. En respectant quelques règles, le Samyang 8mm se révèle d’une efficacité redoutable dans cet exercice. Avec un minimum de 3 photos en « paysage » (45° de rotation), vous obtiendrez après assemblage une photo panoramique dite cylindrique couvrant 180°, et avec 6 photos vous parviendrez à boucler un 360° sans aucun problème. En orientation portrait, 5 photos (toujours avec une rotation approximative de 45°) seront nécessaires pour obtenir un angle de vue de 180° tout en cadrant une plus large portion de ciel et de sol. Sans vouloir rentrer dans le débat qui oppose les panoramistes – du format conventionnel contre angle de champ – cette spontanéité et cette liberté dans la prise de vue permettent donc d’autres possibilités pour capturer des portions de sphère aux rapports de proportions plus libres.
Gopura Est du Baphuon, assemblage de 3 photos horizontales.
Séquence d’entrée du Baphuon, panoramique cylindrique à 360° d’après 6 photos horizontales.
À l’épicentre de la terrasse des éléphants d’Angkor Thom, d’après 5 photos verticales.
Rizière et réflexion en province de Srah Chhuk, panoramique en champ étendu d’après 5 photos en étoile.
L’efficacité de ce fish-eye face à ces panoramiques à la volée et la facilité de sa mise en œuvre m’ont convaincu de tester l’objectif avec une tête panoramique uniquement pour les relevés sphériques. Dans cet exercice une fois de plus, ce fish-eye Samyang facilite la tâche. Les réglages manuels étant préférés pour ce type de panoramique, l’objectif répond à toutes les exigences une fois la mise au point et l’ouverture définie pour une exposition moyenne. Une fois l’ensemble monté sur la tête panoramique en orientation portrait seuls 8 clichés seront suffisants pour un résultat optimal (6 en rotation horizontale tous les 60°, une pour le zénith et une pour le nadir). Temps d’acquisition, hormis le montage du système sur pied, une minute top chrono ! Un vrai plaisir.
Angkor Wat, image sphérique avec nadir (résolution maximale 12000×6000 px)
Angkor Wat bibliothèque, image sphérique en HDR sans nadir.
QTVR cubique d’après la sphère en HDR (Résolution maximale 4460 px par face)
Le verdict :
De par sa compacité et sa qualité optique, ce 8 mm de chez Samyang s’impose comme un partenaire de choix pour vous accompagner et sublimer vos excursions photographiques. Son rapport qualité-prix plus que correct permet d’étendre votre expérience photographique à moindre cout pour explorer le monde au travers de la vision singulière de ce fish-eye, plein cadre, rappelons-le. Pour l’avoir testé dans de nombreuses situations, j’ai plus souvent regretté de ne pas l’avoir pris que l’inverse. Sans s’étendre sur les prises de vues classiques pour lesquelles cet objectif offre un « œil de poisson » très sérieux pour la gamme NEX, en se distinguant particulièrement dans son usage panoramique.
Pose longue de nuit aux douves d’Angkor Wat.
Il répond à ce titre à toutes les exigences que l’on se doit d’attendre quand on choisit la solution fish-eye pour ce type de photographie. Il permet en effet de capturer en deux temps trois mouvements des panoramas de très bonne facture à main levée ou à l’aide d’équipements dédiés. Le temps gagné par la vivacité de cet équipement permet au choix d’approfondir sa pratique panoramique, ou de garder du temps pour de la prise de vue classique tout en ayant cette possibilité de panoramique quasi instantanée. Par conséquent, je ne peux que conseiller le Samyang 8mm UMC, pour ceux qui veulent s’initier à la photographie panoramique autant que pour les avertis qui sont en recherche d’une solution sérieuse pour pratiquer le panoramique avec leurs hybrides. Pour les débutants, cet objectif constitue une solution abordable, techniquement des plus accessibles et intuitive pour créer et améliorer ses premiers panoramas. Pour les initiées, il s’agit bel et bien d’un équipement de premier choix pour vous permettre de développer votre pratique panoramique sans altérer les points forts de la gamme NEX, qualité et compacité. Qui d’autre peut se targuer d’apporter son matériel panoramique pour un poids total de 2 kg* ? En conclusion, grâce à cette période d’essai intensif sous forme de prêt, il est difficile de penser de me séparer de cet objectif.
Un grand merci à Geektrend pour ce partenariat et pour m’avoir suivi matériellement dans mon projet !
Petit souvenir d’une excursion au «baray occidental»
Au point mort et 3 photos pour capturer cette magnifique étendue.
- Nex 7 nu : 291g
- Objectif : 217g
- Tête Bushman Gobi : 320g
- Trépied léger : 1200g
- TOTAL = 2,028 kg
En bonus :
Pour les amateurs de vidéos, cet objectif pourra aussi vous servir pour capturer des séquences en «Go-Pro like» en différentes résolutions selon votre modèle NEX ! Et pour les amateurs de selfies, ce fish-eye fournira des autoportraits n’oubliant pas les arrière-plans…
Sur notre boutique: http://www.geek-trend.com/3088_Objectif-Fisheye-Samyang-8mm-F2-8-Sony-E-Noir-Ref-SAM8SONYE
Super ces photos !
J’ai une autre version de cet objectif (pour canon), mais je ne l’ai encore jamais utilisé à Angkor !! Grosse erreur car tes photos sont réussies, surtout les deux au Baphuon ! Prochaine visite, il sera dans mon sac 😉